Le gouverneur de la ville de Kinshasa se retrouve une nouvelle fois au cœur d’un scandale institutionnel.
Après avoir pris un arrêté controversé nommant des commissaires généraux en violation manifeste de la Constitution, Daniel Bumba, manifestement inquiet d’une éventuelle destitution liée à une incompétence devenue flagrante, multiplie les décisions précipitées et maladroites.
Incapable de gérer efficacement les inondations meurtrières qui endeuillent régulièrement la capitale, et coutumier des absences symbolisées par ses siestes répétées lors des cérémonies officielles, le gouverneur choisit d’improviser la création d’une série de régies urbaines. Des structures aux compétences floues, largement redondantes avec celles des ministères existants, destinées davantage à calmer les appétits politiques de ses parrains et des députés, qu’à répondre aux véritables urgences de la ville.
Kinshasa suffoque sous les embouteillages historiques, ses routes sont devenues impraticables, l’insécurité s’aggrave, le manque d’éclairage public s’étend jusque sur le prestigieux boulevard du 30 Juin, sans oublier l’insalubrité généralisée sur l’ensemble du territoire urbain, tandis que les inondations continuent d’arracher des vies dans l’indifférence du pouvoir urbain. Cette manœuvre politicienne ne fait que masquer l’inaction chronique d’un exécutif à bout de souffle.
Le gouverneur Daniel Bumba illustre, une fois de plus, les limites criantes de sa gouvernance à la tête d’une ville où tout est devenu urgence. Il nomme à tour de bras des animateurs de régies qui, juridiquement, n’existent même pas encore. Une aberration administrative aggravée par un flou budgétaire inquiétant : d’où viendront les financements nécessaires à leur fonctionnement, à la rémunération du personnel, ou encore à l’installation de leurs infrastructures ? Tout cela se déroule sous le regard d’une assemblée provinciale censée exercer une mission de contrôle et de régulation budgétaire, mais qui, dans les faits, s’est transformée en chambre d’enregistrement servile au service de l’exécutif. Pire encore, il semblerait que son président, Levi Mbuta, pourtant garant de l’équilibre institutionnel, ferme sciemment les yeux sur ces irrégularités manifestes, alors même qu’il serait lui-même impliqué dans des démarches personnelles visant à s’approprier le marché de la Liberté, situé dans la commune de Masina*. Une dérive institutionnelle grave, qui entache durablement la neutralité et la crédibilité de l’organe législatif provincial.
Que peuvent encore espérer les Kinoises et les Kinois d’une assemblée provinciale aussi vacillante qu’inexpérimentée?
Ce simulacre d’institution, censé incarner la voix du peuple, s’est mué en une scène de compromission, où certains députés n’hésitent pas à brader leur honneur contre des strapontins sans envergure. Une honte pour la première institution de la capitale, devenue le théâtre d’un marchandage politique indigne.
Le gouverneur Daniel Bumba, paresseux mais stratège, vient une nouvelle fois ridiculiser l’Assemblée provinciale en reléguant 6 de ses députés dans les régies les plus dérisoires de Kinshasa, classées en catégories B et C, certaines totalement dépouillées de moyens et d’objectifs clairs. Pendant ce temps, les régies de catégorie A, à forte valeur financière comme l’ARGPK, véritable second poumon économique de la capitale après la DGRK, sont confiées à ses proches, à l’instar du vice-bourgmestre de Bandal, Lobo Kasongo Gracien, propulsé Directeur général, tandis que des élus sont réduits à de simples fonctions. Cette distribution sélective révèle une stratégie cynique : humilier publiquement les représentants du peuple, relégués à des rôles symboliques de figurants, tout en verrouillant les centres de décision entre les mains de fidèles serviteurs du régime. Une opération de contrôle politique habillée en réforme administrative.
Ils ont arpenté les quartiers, tendu la main aux électeurs, promis monts et merveilles. Aujourd’hui, ces élus du peuple se retrouvent relégués au fond du décor institutionnel, à des postes de troisième rang dans les régies les plus insignifiantes, les plus fantomatiques, les plus dévalorisées de la ville de Kinshasa. Ainsi, l’honorable Mbokoso, ancien ministre provincial du Budget, du Plan et des Transports, et président du bureau provisoire, se retrouve à la 3ᵉ place du FONAK ; l’honorable Eden Lumbu, cantonnée à la 3ᵉ place de la RASKIN, sous la tutelle directe de Fils Mukoko ; l’honorable Paty Mubenga, pourtant nommé DG de la DGMK, est réduit au rang de simple chef des marchés urbains dans une structure en ruine, sans bureaux, sans budget, et dont les agents accusent plus de 3 ans de salaires impayés ; l’honorable Mafolo Kasinzi Joseph, ex-DGA de la DGRK, rétrogradé simple DG des Fourrières ; l’honorable Iyeli Daniel, fils du vice-gouverneur, confiné à la 3ᵉ place de la RCEKIN en qualité de DGA ; enfin, l’honorable Jack Mabaya, propulsé à un poste creux de DG du FONAK, sans aucun levier réel.
Cette mise en scène pathétique témoigne du mépris absolu du gouverneur pour la représentation populaire. Elle révèle surtout l’effondrement moral d’une certaine classe politique, prête à troquer son honneur contre des titres vides de substance. La servilité a pris le pas sur la responsabilité, au mépris de l’intelligence des électeurs. Même sous l’ère du gouverneur Gentiny Ngobila, les députés étaient, à tout le moins, traités avec plus d’égards et de considération.
Selon nos informations, certains députés provinciaux déjà nommés à ces postes ont, avec fermeté, décliné l’offre du gouverneur Daniel Bumba. Dotés d’expérience et d’un sens élevé de la responsabilité politique, ils ont immédiatement décelé la supercherie dissimulée derrière ces nominations purement décoratives. Pour eux, il s’agit d’un affront à la dignité de la représentation du peuple. Ils ont également souligné le risque juridique et politique lié à la réintégration difficile à l’Assemblée provinciale, une fois leur suppléant installé. Un sursaut d’honneur devenu exceptionnel dans un paysage politique miné par la compromission et l’opportunisme.
En somme, la ville de Kinshasa se meurt sous l’ère Bumba. Le gouverneur Daniel Bumba incarne aujourd’hui, aux yeux de nombreux observateurs, l’échec retentissant d’une gouvernance hasardeuse, marquée par l’amateurisme, l’opacité et le clientélisme. Son incapacité à administrer efficacement la capitale congolaise ne fait plus débat. À travers sa gestion calamiteuse, c’est l’image du chef de l’État et celle de l’UDPS qui se trouvent durablement ternies, au risque d’une rupture de confiance entre les institutions et les Kinois.